13 industriels, à la fois fournisseurs de solutions de cybersécurité et grands clients, s'associent au pôle de cybersécurité à vocation nationale basé en Bretagne. Les objectifs prioritaires: développer la formation, la recherche et l'offre de services.
Les PDG d'ATOS-Bull, de Thales, de DCNS mais aussi le directeur général délégué Technologie et Innovation d'Airbus Group ou encore le directeur d’Orange Cyberdéfense... Tout ce beau monde actif dans le domaine de la cybersécurité, a répondu à l'appel Jean-Yves Le Drian. Au total 13 grands groupes industriels* étaient réunis ce jeudi 24 septembre autour du ministre de la défense.
18 mois après la création du pôle d'excellence cyber en février 2014 qui vise à développer une véritable filière industrielle de cyberdéfense en Bretagne, le ministre voulait faire un point d'avancement et savoir sur quelles forces il pouvait compter pour aller plus loin. Il n' a pas été déçu. Les industriels ont décidé de renforcer leur soutien à cette initiative: collectivement, ils apporteront l'équivalent d'environ une dizaine de millions d'euros sur 5 ans, soit autant que chacun des deux autres partenaires: le ministère de la défense et la région Bretagne.
Encore un manque criant de compétences
"Nous travaillons sur trois axes: la formation, la recherche et le développement économique. Le point noir de la filière de cybersécurité c'est le recrutement. Certains prestataires refusent des contrats car ils n'ont pas les experts en nombre suffisant pour y répondre", a rappelé Paul-André Pincemin chef de projet du pôle d'excellence cyber. Aujourd'hui, 22 formations en cybersécurité existent dans la région qui ont permis de faire passer en deux ans de 2000 à 2800 le nombre de diplômés (de l'IUT au mastère) en cybersécurité. De quoi réjouir un groupe comme Atos-Bull qui reconnaît avoir un "mal fou" à recruter des experts dans cette spécialité.
Chaque industriel apporte sa pierre à l'édifice. "Nous allons mettre à disposition du pôle certains de nos experts mais également des équipements et des logiciels de façon à pouvoir former des jeunes et aider les chercheurs", a précisé Thierry Breton, PDG d'Atos-Bull. En travaillant ensemble mais aussi avec les laboratoires de recherche, les universités et les ingénieurs de la DGA, les industriels espèrent optimiser leurs efforts de recherche.
Une plate-forme collaborative
"L'intérêt d'une telle plate-forme c'est de se partager le travail et d'éviter de dupliquer les travaux de recherche", estime Jean Botti d'Airbus Group. L'avionneur compte apporter son expertise dans le domaine de la sécurisation des systèmes informatiques industriels. Pour sa part, le fabricant de navires de guerre DNCS apportera son savoir faire dans le domaine de la protection des systèmes d'armement. "La cybersécurité est au cœur de l'évolution des systèmes d'armes. Une frégate multimissions embarque l'équivalent de 20 millions de lignes de codes qu'il faut sécuriser", a précisé son PDG Hervé Guillou.
Des grands utilisateurs comme EDF ont également rejoint ce club d'industriels. L'énergéticien souhaite que l'on développe l'offre en matière de cybersécurité des infrastructures critiques pour mieux protéger ses réseaux d’énergie. Enfin Orange et Alcatel Lucent contribueront au pôle en ciblant les équipements de transmissions de données dans les réseaux.
Hassan Meddah
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