Le nombre d'applications disponibles dans le cloud s'accroît de jour en jour. A tel point qu'une entreprise peut aujourd'hui se passer du moindre serveur.
De quoi a réellement besoin une entreprise pour fonctionner ? Un logiciel de comptabilité, un outil de gestion de la paie, une CRM, une messagerie pour ses salariés. Autant d'applications aujourd'hui disponibles dans le cloud. SAP, Microsoft, Oracle (sans compter Salesforce), tous proposent désormais leurs applications sur Internet, facturées au mois. Pourquoi donc vouloir acheter des serveurs, des licences logicielles ? Chaque entreprise a bien évidement tout un portefeuille d'applications plus spécialisées que l'éditeur ne propose pas encore dans le cloud. Certaines ont développé des programmes spécifiques pour gérer tel ou tel processus. Qu'à cela ne tienne : la virtualisation est passée par là. Virtualiser vos machines avec un hyperviseur VMware, Microsoft Hyper-V ou KVM et transférer les images sur des services cloud de type Iaas, et le tour est joué. Mieux, développez directement sur le cloud : de multiples offres de PaaS sont là pour exécuter ces applications ad-hoc.
La question ne se pose déjà plus pour les start-up
Ce scénario n'a plus rien de théorique aujourd'hui, c'est même devenu la règle numéro 1 lorsque vous créez une start-up dans la Silicon Valley. François Nadal qui a fondé myERP à San Francisco souligne : "100% des start-up qui se montent ici choisissent de déléguer leur informatique dans le cloud. Tous les étages sont concernés, Google Apps pour l'e-mail et les documents, myERP pour la comptabilité, la facturation et le CRM, Paychoice et Zenefits pour la paie, Zendesk pour le support client, Box pour le stockage de données, Shopify pour l'e-commerce, Wrike et Basecamp pour les taches."
Non seulement ces jeunes entreprises se passent d'infrastructure informatique, mais ne pas choisir le cloud est désormais perçu par leurs investisseurs comme une erreur de gestion du dirigeant. "Ces entreprises en croissance doivent être rapides, flexibles, communicantes", assène François Nadal. Cette approche arrive en France, en particulier chez les PME. Marbella Paris, un créateur de bijoux, a fait le choix de se passer de serveur en optant pour des solutions en ligne... et sur tablette. Non seulement la PME, qui ne compte que quelques personnes, n'a pas de serveurs, mais elle compte aussi se passer de PC et fonctionner dans un mode totalement Cloud, en mobilité totale.
L'exemple d'Aldebaran Robotics
Autre exemple significatif, celui d'Aldebaran Robotics. Créé en 2005, le constructeur de robots compte aujourd'hui 500 personnes, et a entrepris de basculer son système d'information dans le cloud en 2012. Julien Simon, CTO Software de l'entreprise, jongle entre Saas et IaaS. L'ERP sur lequel s'appuie l'entreprise, c'est ByDesign de SAP, le CRM c'est Salesforce.com, et pratiquement tous les serveurs ont été migrés vers des machines virtuelles Amazon Web Services. Depuis 2012, ce sont 150 machines virtuelles EC2 qui ont été mises en production par le français. "Nous n'avons aucune volonté d'avoir de l'infrastructure. Les derniers serveurs dont nous disposons sont dédiés à la bureautique. C'est très limité. Nous pourrions les migrer eux-aussi, mais ma vraie priorité aujourd'hui, c'est développer nos nouveaux services sur le cloud", résume Julien Simon.
Xavier Gendron, fondateur de Bewe, intégrateur Office 365 pour les PME souligne : "Nous sommes en cours de cadrage chez un client avec cet objectif du 100% cloud. Le PDG ne veut plus aucune infrastructure chez lui. Il veut accéder à tout son SI en mobilité, et être capable de monter en charge pour accompagner sa croissance : le PDG est visionnaire sur pas mal de sujets. Il a fait un MBA aux USA ce qui est peut-être la raison." La PME est abonnée à Microsoft Office 365 pour sa messagerie, et vient de souscrire à Microsoft Dynamics CRM Online. L'entreprise dispose encore de l'ERP Microsoft Dynamics NAV et quelques briques mineures en mode "on premise", mais le transfert dans le cloud est à l'étude. "Nous préparons la bascule de ces briques sur Azure et, à l'issue du processus, le système d'information sera 100% dans le cloud", ajoute Xavier Gendron.
De son côté, Leroy Merlin a pratiquement éliminé tous les serveurs de ses magasins, virtualisant ses applications dans son data center. Et ce même s'il doit encore en maintenir en local, notamment pour son application de conception 3D de cuisine. La conception 3D est, avec ses fortes contraintes en termes de puissance de calcul, d'affichage et les volumétries importantes de ses fichiers, l'un des derniers bastions qui résiste au cloud et pourtant, les éditeurs spécialisés tels que Dassault Systèmes portent de plus en plus de briques de leurs plateformes sur le Cloud. Les derniers bastions du logiciel sont en train de tomber.
Alain Clapaud
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