Les sites de « crowdfunding » ont drainé 66,4 millions d'euros au premier semestre.
Donner à un proche pour qu'il puisse réaliser son film ou monter son petit commerce, prêter avec ou sans intérêts, monter au capital d'une start-up prometteuse… Le modèle de la finance participative est en plein essor. 66,4 millions d'euros de fonds ont ainsi été collectés sur les plates-formes de « crowdfunding » au premier semestre 2014, d'après les chiffres de l'association Financement Participatif France (FPF). C'est le double des fonds collectés au premier semestre 2013.
Depuis l'introduction en France, en 2008 de ce mode de financement, un million de Français y ont contribué. Les trois quarts ont moins de cinquante ans, « une typologie plus jeune que dans le financement traditionnel », selon Nicolas Lesur, président de l'association Plus globalement, « la finance participative marque sa capacité à se démocratiser et à devenir une source de financement crédible et pérenne de l'économie française », se félicite celui-ci.
De 650 à 9.930 euros en moyenne
Dans le détail, les plates-formes de prêt ont permis de collecter 37,4 millions d'euros tandis que celles de dons ont drainé 19,2 millions d'euros. Les sites de capital investissement (prise de participation au capital) ont quant à eux permis de lever 9,8 millions d'euros.
En revanche, les levées de capital arrivent en tête de classement en termes de moyenne de collecte, avec environ 185.500 euros, contre 2.411 euros pour les dons quand il n'y a pas de contrepartie, et 3.478 euros quand le donateur perçoit une gratification, souvent symbolique.
De la même façon, le fait de rémunérer ou non les fonds est déterminant pour les prêts : 650 euros sont collectés en moyenne quand il n'y a pas d'intérêt, contre 9.930 euros pour les prêts rémunérés. Il faut dire que la rémunération est attractive : elle peut varier entre 4 % et 5 % pour les prêts accordés à des particuliers et jusqu'à 9 % pour les entreprises.
Décrets imminents
Depuis 2008, près de 45.000 projets ont été mis en ligne. Le taux de succès, c'est-à-dire le taux des projets ayant atteint leurs objectifs de levée de fonds est très variable. Il est de 56 % pour le capital-investissement, 59 % pour les dons avec récompense contre 97,8 % pour les dons sans contrepartie. Les prêts remportent le trophée avec 98 % de succès.
Les acteurs du marché attendent, pour la fin juillet, la publication des décrets clarifiant le statut et le champ d'action de la finance participative. Leur entrée en vigueur devrait ensuite être effective en octobre. Cette réforme devrait permettre d'attirer encore plus de contributeurs, rassurés par ce cadre législatif. « C'est une première étape qui a vocation à être révisée assez vite », anticipe Nicolas Lesur.
Les Assises du financement participatif ont été décalées à décembre pour avoir un peu de recul. Le président de l'association FPF compte aussi sur le Tour de France de la finance participative, qui organise depuis près d'un an des événements dans les régions en partenariat avec bpifrance, pour crédibiliser le « crowfunding ».
Les trois principaux types de finance participative
Le prêt s'effectue entre pairs. Une communauté de prêteurs investit une somme prêtée à des particuliers ou à des entreprises contre une rémunération autour de 5 %.
Le don peut se faire avec ou sans contrepartie. Celle-ci n'est toutefois pas monétaire, souvent symbolique : le DVD du film financé par exemple.
Le financement participatif en capital permet à une entreprise de lever des fonds. L'investisseur prend une participation dans la société sous forme d'actions.
Etienne Goetz
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