La ministre de la Santé Marisol Touraine entend relancer le délicat Dossier Médical Personnel (DMP), dans sa version 2.0. Il sera « plus pragmatique » et présenté dans le futur projet de loi sur la santé.
Le Dossier Médical Personnel en chiffres ce sont 461 987 dossiers créés depuis son lancement en 2004 par le ministre d'alors Philippe Douste-Blazy, dont plus de 70% seraient inutilisés, et plus de 500 millions d’euros engloutis au passage. En termes de gâchis, ce chantier n’a donc rien à envier à Louvois ou à l’ONP !
Initié en 2004 donc, il a été relancé en 2007 par Roseline Bachelot… sans plus de succès. Marisol Touraine est donc la troisième ministre de la Santé qui va tenter sa chance. Dans son intervention du 20 mai elle a dessiné les contours de ce futur DMP 2.0 qui entre dans sa vision d’un « hôpital ultra-connecté avec l’ensemble des offreurs de soins, évidemment, mais aussi avec tous les acteurs du monde social et médico-social ». Toutefois, cette future version du DMP sera rabotée (comme les quais SNCF !). Elle devra en premier lieu bénéficier « aux patients atteints de maladies chroniques et aux personnes âgées relevant des expérimentations PAERPA ».
Les contours exacts du projet seront annoncés prochainement. Elle a toutefois ajouté qu’il sera « plus pragmatique et répondra mieux tant aux attentes des professionnels que des usagers ». Le détail du projet sera donc précisé dans le cadre du projet de loi, en préparation, sur la santé qui devait à l’origine voir le jour « au premier semestre 2014 ».
Des millions d’euros gaspillés
Comme nous le rappelions en janvier dernier, on ne sait pas exactement comment ont été engloutis les 500 millions d’euros. La Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) refuse de s’exprimer sur le sujet. « Aux 500 M€ versés par l’assurance maladie, on peut aussi ajouter les coûts induits par l’adaptation du dossier informatisé dans les hôpitaux, les heures de formation, toutes ces dépenses qui ne concernent pas directement l’élaboration du dossier mais qui sont bien réelles. On peut très bien atteindre le milliard d’euros ! », expliquait alors Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne et spécialiste des questions de santé.
E-santé et… m-santé
La e-santé est un enjeu de société. La ministre de la Santé Marisol Touraine avait d’ailleurs demandé, en avril, au Conseil National du Numérique (CNNum) d’ouvrir une consultation publique sur le thème de la santé et du numérique tant en termes de méthodes que d’outils. Big Data, objets connectés, données et sécurité étaient donc au centre des préoccupations. Les préconisations du CNNum devraient donc entrer en ligne de compte dans le futur projet de loi.
Parallèlement, les Google, Amazon, Microsoft et consorts s’intéressent de près à la m-santé. En mars dernier, nous expliquions d’ailleurs que Healthbook est le prochain pari d’Apple. Cette fonction pourrait faire son entrée dans le futur iOS 8.
Emilien Ercolani
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