Avec Numa, le groupe Airbus veut insuffler l'esprit start-up au sein de ses équipes

Une centaine de jeunes managers du groupe Airbus suivent un an de programme de développement, dont six mois de montage de projets en partenariat avec Numa, l'espace de coworking parisien accompagnateur de start-up.

Pour faire dialoguer start-up et grandes groupes, il n'est pas forcément nécessaire d'installer des dirigeants de jeunes entreprises innovantes au conseil d'administration de grandes entreprises, comme le propose la députée Laure de la Raudière. Les échanges sont certes encore insuffisants, mais ils existent bel et bien. Pour preuve, après avoir travaillé avec la SNCF ou RCI Banque, l'espace de coworking Numa met son expertise au service du groupe Airbus, au sein de son programme "Start".

Depuis le mois de mars, une centaine de jeunes managers, issus de toutes les divisions du groupe (aux quatre coins du monde), participent à un programme de développement commun, accompagnés par les équipes RH d'Airbus Group et Numa.

Pour les jeunes managers, plus d'agilité

Répartis en 20 groupes, ces managers prometteurs doivent bâtir collectivement un projet, en mode "open innovation". L'objectif, pour Airbus Group, est de faire entrer un peu de l'esprit start-up au sein de ses équipes. "On veut s'inspirer des bonnes pratiques d'entrepreneuriat pour les adapter à nos besoins en interne. C'est avant tout un état d'esprit qu'on cherche à transmettre", résume Kristy Anamoutou, responsable du programme Start au sein de la "Corporate business academy" du groupe aéronautique.

"On travaille sur différents objectifs : développer l'agilité, permettre au collaborateur de définir son style de communication, travailler la notion de collaboration, d'intelligence collective. Les projets qu'ils choisissent de bâtir leur servent à développer leur profil, et doivent constituer une opportunité pour l'entreprise par son aspect innovant". "On n'est pas dans l'accompagnement, plus dans l'idée de donner aux participants les clés pour mettre en œuvre ce qu'ils souhaitent faire", précise Claudio Vandi, responsable des programmes expérimentaux au sein de Numa. Sept mentors, qui ont l'habitude d'accompagner des entrepreneurs plutôt que des managers de grands groupes, sont référents dans le programme. Le suivi se fait à distance, par vision-conférence.

Pour le grand groupe, de nouvelles méthodes

Bousculer les organisations bien établies et changer les mentalités, c'est un autre objectif de ces six mois de construction de projets en groupes. "Le programme permet d'intégrer de nouvelles approches, comme le design thinking, à nos process bien établis en interne", analyse Kristy Anamoutou. C'est une confrontation entre deux visions, non pas contradictoires, mais complémentaires selon les intéressés. "Les grandes entreprises ont plutôt tendance à avancer à coup de gros projets. Ils veulent sortir un produit absolument nickel, l'ensemble doit être validé, être tout de suite compétitif. Dans les start-up nous avons plutôt l'habitude d'avancer par petits projets, sans beaucoup de moyens, de faire des paris sur ce qui va marcher demain, de sortir des projets pas très mûrs et de voir, avec les réactions, comment on peut les améliorer, résume Claudio Vandi. Il y a un côté contagieux dans notre travail qui peut générer d'autres choses".

Pour les deux mondes, une compréhension mutuelle

Numa, qui a l'habitude de travailler avec de grandes entreprises, dit constater un changement dans leur mentalité. "Avant, les start-up étaient vues comme des concurrents peu coriaces. Aujourd'hui, elles sont des interlocuteurs crédibles. On sent vraiment une volonté des entreprises de mieux connaître le monde des start-up. Ce type d'expérience permet de mieux appréhender les codes, des deux côtés". Un premier bilan de cette expérience pilote sera tiré à l'automne.

Sylvain Arnulf
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