Les moteurs de recherche tentent de se réinventer

Les géants du Net rivalisent pour créer le « moteur du futur » et s'adapter aux évolutions technologiques.
Cela pourrait bouleverser les modèles économiques.

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Depuis l'apparition des premiers moteurs de recherche, il y a près de vingt ans, le concept n'a que très peu évolué. Il s'agit toujours d'entrer un mot ou une série de mots dans un champ de recherche et de cliquer ensuite sur le lien le plus pertinent, en visualisant au passage quelques publicités. Mais la recherche en ligne, telle qu'on la connaît sur Google, Bing ou Yahoo!, pourrait bien évoluer. Pour s'adapter aux nouveaux usages, sur les smartphones, les tablettes et bientôt sur les milliards d'objets connectés, les géants du Net réfléchissent à de nouvelles formes de « search ». « Big data », reconnaissance vocale, détection de mouvements… Plusieurs pistes de réflexion sont lancées pour tenter de renouveler l'expérience de la recherche sur Internet. Avec un leitmotiv : simplifier l'utilisation.

Certains travaux ont déjà porté leurs fruits. La plupart des moteurs intègrent désormais les discussions sur les réseaux sociaux pour présenter des résultats mieux actualisés. Google et Bing ont aussi, depuis plusieurs années, développé leur système de suggestions, qui propose un accès simplifié aux requêtes les plus fréquentes. Et il est déjà possible, avec Android ou Chrome, d'effectuer des requêtes par la voix. Mais ce pourrait n'être qu'un début.

Lors de la conférence Google I/O 2013, en mai à San Francisco, Amit Singhal, vice-président de Google en charge de la recherche, affirmait que nous serions bientôt « à la fin de la recherche telle que nous la connaissons » et confiait que Google travaillait au développement du « moteur de recherche du futur ». Plus prédictif, celui-ci devra pouvoir répondre, converser et anticiper. Sans nuire à la diversité, alors que certains sont tentés de réduire le nombre de résultats proposés.

« Google continue de tirer l'innovation sur ce marché », affirmait la semaine dernière Marcus Tandler, fondateur et directeur de l'agence de référencement Mediadonis, à la conférence TedX, organisée sur ce thème à Munich. Mais, sur ce marché hyper concurrentiel - si Google domine au niveau mondial, des dizaines de moteurs existent néanmoins, avec d'importants acteurs locaux comme Baidu en Chine ou Yandex en Russie -, les innovations sont rapidement copiées.

Fusion des modèles

Quoi qu'il en soit, ces évolutions devraient aussi s'accompagner d'une mutation des modèles économiques. Les versions Web des moteurs de recherche risquent d'être de moins en moins consultées, au profit des versions mobiles ou de moteurs embarqués directement au sein des applications mobiles ou des desktops. « Le modèle Google va devoir se renouveler, note Dirk Lewandowski, professeur à l'université des sciences appliquées de Hambourg. Sur mobile, par exemple, les liens sponsorisés ne sont sans doute pas optimaux. On pourrait assister à un rapprochement des modèles entre liens sponsorisés et display (les bannières et vidéos, NDLR). »

Même son de cloche chez Microsoft, qui préfère miser sur l'intégration de ses services (lire ci-contre) et pour qui le modèle des liens sponsorisés n'est pas tenable sur le long terme. « Avec les évolutions technologiques, le moteur de recherche va se diffuser partout, sur le mobile, les applications, les tablettes, et même dans l'environnement du PC. Le moteur de recherche, en tant que portail, ne sera plus le seul point d'entrée pour la recherche », affirme Stefan Weitz, directeur de la recherche chez Microsoft.

Nicolas Rauline

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