Au-delà d'une révolution technologique, les big data révolutionnent l'ancien modèle de santé, en posant de nouvelles questions, analyse Jérôme Michelot, Senior manager santé et protection sociale chez Kurt Salmon.
Données, cloud, numérique, réseau, informatique, serveur, calculs: voici encore aujourd'hui les principaux mots clefs associés aux "big data" par le grand public mais aussi les professionnels autres que les informaticiens. Si ces mots caractérisent bien l'univers de l'outil "big data", ils ne sont pas ceux de la révolution "big data".
En matière de santé, il n'est pas risqué de dire qu'aujourd'hui la notion de big data est sortie aujourd'hui de son couffin techiquo-technologique et se révèle être une révolution globale à l'accent résolument politique par la profonde mutation du cadre général du monde de la santé qu'elle entraine.
Dans le secteur de la santé, les big data: l'avènement des acteurs "augmentés"
C'est ainsi le renforcement du "patient actif", en fournissant une aide au comportement sur la base d'une information qualifiée et réellement ajustée à leurs cas. C'est le renforcement du rôle du praticien face à l'accès amplifié à l'information médicale par les patients, en refondant le sens de son activité diagnostique, et en revalorisant son action éducative et préventive.
C'est le flux irriguant la coordination des parcours entre les différents opérateurs. C'est la possibilité de réfléchir au partage des rôles. C'est l'augmentation des facultés d'investigations des chercheurs et l'amélioration des capacités de modélisation dans des délais plus courts. C'est l'assurance d'un ciblage plus juste des dépenses publiques en matière de santé.
Loin d'être un rêve cette liste n'est que l'énumération des champs aujourd'hui concernés par les développements en matière de big data en santé à travers le monde.
Pour les systèmes de santé, les big data sont ainsi constitutives d'un chainon manquant entre ancien et nouveau modèle. C'est la brique qui peut rendre crédibles et réelles les idées jusqu'alors incantatoires.
Toutefois, comme toute révolution, il lui faut dépasser les réticences du vieux système, qui craint, logiquement, la fin de son univers de référence.
Cette crainte, si elle doit être levée, ne doit pas être ignorée. L'accompagnement de la transformation est essentiel afin d'envisager, dans une démarche bénéfice/risque bien connue du secteur de la santé, ce que les big data apportent de mieux au-delà de ce qu'elles apportent de plus. Les big data en santé sont ainsi révolutionnaires, non pas en ce qu'elles apportent de nouvelles réponses, mais parce qu'elles posent de nouvelles questions (en répondant toutefois aussi, un peu, aux anciennes...).
Kurt Salmon
Source